L'euro tient à peine le coup

Quand votre adversaire est manifestement faible, vos vulnérabilités passent inaperçues. Mais dès qu'il se relève, les points sensibles commencent à se faire sentir. Au milieu de la montée rapide de l'EUR/USD en août, peu de personnes se souvenaient que la France n'a toujours pas de gouvernement. En France, des manifestations réclament la démission d'Emmanuel Macron, et l'élargissement des écarts de rendement entre les obligations locales et allemandes indique une augmentation des risques politiques. Cela signifie des problèmes pour l'euro.

Dynamique de l'Écart de Rendement Entre les Obligations Françaises et Allemandes

La situation en Allemagne n'est pas meilleure. Son PIB a diminué au cours de trois des cinq derniers trimestres, et les indicateurs de l'activité des entreprises, du climat des affaires et de la confiance des consommateurs signalent une crise. De plus, les nationalistes remportent les élections locales. Pour aggraver les choses, sans parvenir à un accord avec les syndicats sur les salaires, Volkswagen ferme ses usines allemandes pour la première fois de son histoire. Associée à la faiblesse économique de la Chine et des États-Unis, ce qui est un net handicap pour l'Allemagne axée sur les exportations, la situation devient manifestement critique.

Étonnamment, MUFG prévoit une transition pour l'EUR/USD vers une fourchette de négociation de 1,10–1,15, basée sur les attentes des marchés d'un assouplissement monétaire agressif par la Réserve fédérale et d'une reprise de l'économie de la zone euro. Les principaux risques incluent les élections présidentielles américaines, l'incertitude du commerce mondial et la faiblesse économique de la Chine. ING estime que l'écart de rendement entre les obligations américaines et allemandes soutiendra l'euro au niveau de 1,10 $.

Ainsi, les banques considèrent la baisse des cotations de l'EUR/USD à la fin de l'été et au début de l'automne comme une correction technique et continuent de croire à la reprise de la tendance haussière. Cependant, la correction de la principale paire de devises pourrait se poursuivre, car la Banque centrale européenne semble prête à abaisser son taux de dépôt en septembre.

Dynamique de l'inflation européenne

Selon Pierre Chipollone, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, la banque centrale ne peut maintenir les coûts d'emprunt à leur niveau actuel élevé trop longtemps, car cela nuirait à l'économie. La politique monétaire risque de devenir trop restrictive. Même Joachim Nagel, président de la Bundesbank et partisan d'une politique stricte, estime que l'inflation est sur la bonne voie. Il est prêt à voter en faveur d'un assouplissement de la politique monétaire en septembre si les données le convainquent.

Ainsi, la crise politique en France et en Allemagne, la faiblesse de l'économie allemande et la volonté de la BCE de poursuivre le cycle de baisse des taux en septembre exercent une pression sur l'euro. En même temps, la réévaluation des perspectives du marché concernant le taux des fonds fédéraux soutient le dollar américain. La correction de la paire de devises principale semble justifiée.

Une barre intérieure pourrait se former sur le graphique quotidien EUR/USD. Les chances de franchir le support à 1.1035 sont assez élevées, ce qui justifierait de nouvelles ventes, de même qu'un rebond à partir des résistances à 1.107 et 1.111.