EUR/USD : le billet vert continue à chuter

Sur ces deux dernières semaines, le dollar américain s'est déprécié de 2,5% face à ses principaux rivaux.

Le dollar américain s'affaiblit depuis si longtemps que les experts ne perçoivent plus sa baisse comme une correction habituelle.

Les analystes de Bloomberg suggèrent que si l'USD continue à diminuer, la tendance haussière qui s'est formée cette année pourrait être enrayée.

Au cours des mois récents, les investisseurs ont misé sur une récupération plus rapide de l'économie américaine par rapport au reste du monde. A l'époque, le prétendu « commerce de reflation » a été un important catalyseur du marché. Aujourd'hui, en revanche, ces attentes semblent s'estomper. Les négociateurs commencent à se focaliser sur une meilleure perspective économique en dehors des Etats-Unis.

Le billet vert a également perdu un soutien important. Aux mois de février et mars, des ventes massives à grande échelle de bons du trésor américain ont stimulé la demande sur la devise nationale. Cependant, des déclarations répétées et insistantes de la Fed, stipulant que la pression sur les prix n'est que temporaire, ont légèrement changé la situation du marché de la dette des Etats-Unis.

Par conséquent, le billet vert a dû retracer vers les niveaux du début de mars dans la région de 90,85.

Evidemment, il aurait pu déprécier encore plus s'il n'y avait pas l'écart constant entre les rendements des obligations d'État américaines et ceux des autres pays développés, ainsi que le taux d'infection qui continue de croître dans le monde.

Selon des stratégistes de la Saxo Bank, « Tant que la menace du Trésor américain reste neutralisée, nous pourrions nous préparer à un mouvement encore plus baissier du dollar américain, ou du moins à un test des plus bas. Des inquiétudes subsistent, bien sûr : par exemple, à quelle vitesse la montée de sucre liée à la relance va disparaître, si un cycle de crédit continue à faire défaut aux Etats-Unis. Et bien évidemment, il y a la pandémie elle-même, où le nombre moyen de cas sur 7 jours dans le monde vient d'atteindre son niveau le plus élevé, avec une explosion du nombre de cas en particulier en Inde, où un nouveau variant «double mutant» du virus a été signalée ».


La demande sur le billet vert se réduit. Selon des analystes à l'ING, l'indice USDX pourrait passer en dessous de 90.

Les solides données macroéconomiques américaines présentées précédemment n'ont pas réussi à soutenir la monnaie nationale. Il s'agit d'un signe avant-coureur que la reprise de l'économie dans le pays est déjà incluse dans le taux, ont-ils noté.


Toutefois, il y a ceux qui affirment qu'il est trop tôt pour tirer un trait sur le billet vert.

Les experts de la JPMorgan reconnaissent que cette période difficile pour le dollar en ce trimestre est une correction temporaire contre la tendance et liée à la baisse des rendements obligataires.

Ils estiment que la position unique des Etats-Unis devrait fournir un soutien important au dollar. A la fin d'avril, le président Joe Biden devrait annoncer le plan de relance de 2,000 milliards de dollars. En attendant, un rythme soutenu de vaccination aux Etats-Unis contribuera à maintenir l'écart existant avec le restant du monde.

JPMorgan est convaincue que le dollar restera plus fort contre les devises de pays où la croissance économique est lente et dont les banques centrales sont susceptibles de maintenir une position axée sur le compromis sur la politique monétaire. L'euro fait partie de ces devises-là d'après JPMorgan.

Les stratèges de Mizuho Securities pensent que le trimestre en cours deviendra une période de consolidation pour la devise américaine.

« La tendance à la hausse des rendements américains et du dollar reprendra au troisième trimestre, lorsque le Congrès approuvera probablement le plan, que le déploiement des vaccins américains sera bien avancé et que les spéculations du marché sur une réduction progressive des mesures de relance de la Fed s'intensifieront », a déclaré un analyste de Mizuho Securities.

L'optimisme selon lequel la reprise de l'économie américaine stimulera l'économie mondiale et les rendements américains relativement bas pourraient devenir les principaux obstacles à ce scénario.

Si les démocrates augmentent l'impôt sur les sociétés, l'émission de dettes diminuera à l'avenir et la pression sur les obligations s'atténuera. La baisse des rendements obligataires mettra à son tour le billet vert sous pression.

En début de semaine, la correction s'est poursuivie après une rupture des principaux niveaux techniques et l'EUR/USD s'est installé au-dessus de 1,2000.

Dans un contexte de baisse du dollar, l'euro a été soutenu par des nouvelles positives concernant les vaccinations Covid-19 dans l'UE.

D'ici juin, l'UE aura suffisamment de doses pour vacciner 70% de la population, a déclaré le commissaire européen au Marché intérieur

Pfizer et BioNTech ont annoncé que l'Europe recevrait 100 millions de doses supplémentaires du vaccin.

Un autre facteur positif pour l'euro est que les conservateurs au pouvoir en Allemagne se sont mis d'accord sur un candidat pour succéder à la chancelière Angela Merkel. La majorité des membres dirigeants du parti ont voté pour la nomination d'Armin Laschet, le leader de la CDU.

Jeudi, la BCE tiendra une réunion pour discuter sa politique monétaire. Ses conclusions pourraient stimuler l'euro.

Les investisseurs s'attendent à ce que le régulateur maintienne sa politique telle quelle, espérant trouver des indications sur les futurs projets.

La Banque Centrale Européenne ralentira son programme d'achat d'obligations d'urgence d'ici juillet et signalera à la fin de cette année que le programme prendrait fin en mars 2022, selon une enquête de Bloomberg auprès d'économistes.

Si le régulateur est optimiste quant aux dernières données de l'euro zone et qu'il évoque moins les mesures de relance, cela pourrait entraîner le renforcement de l'euro.

Depuis début avril, l'EUR/USD a fait un bond de 3%. Mardi, la paire a continué à s'élever vers le plus haut mensuel de 1,2075, mais la tendance s'est inversée.

La paire EUR/USD a percé la résistance clé de 1,1992/97. Elle devrait monter à 1,2103/13 (le plus haut de mars et le retracement 61,8% de l'automne 2021) et même jusqu'à 1,2127/30. Si le prix est en dessus de cette zone, il peut monter jusqu'à 1,2243 (le plus haut de février), d'après les experts de Credit Suisse.

La paire restera constructive tant qu'elle se négociera au-dessus de 1,1990-1,1995. Une rupture de cette zone entraînera une baisse vers 1,1946. Cependant, seule une rupture en dessous de ce niveau donnera un faux signal de rupture haussière et marquera la formation d'un sommet à court terme, ont-ils ajouté.