Le dollar réussira-t-il à se protéger?

La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine est passée à la phase suivante et les marchés sont conscients des nouvelles réalités. Le patron de la Maison-Blanche exacerbe les relations déjà tendues avec l'Empire du milieu et force la FED à baisser les taux, tandis que Pékin attend patiemment les élections américaines de 2020, affichant périodiquement ses armes.

Les économistes de Morgan Stanley ont publié de nouvelles prévisions indiquant que la FED allait assouplir sa politique monétaire deux fois cette année – en septembre et en octobre. En 2020, selon eux, le marché s'attendrait à une nouvelle réduction de taux de 3 ou 4 tours en 2020. En outre, la banque a réduit sa prévision de rendement du trésor américain à 10 ans à la fin de l'année à 1,60% contre 1,68% auparavant.

La victoire dans la guerre commerciale que les États-Unis imaginent est peu probable. Il y a un certain nombre de raisons à cela. Tout d'abord, il convient de dire qu'aucune amélioration du commerce extérieur des États-Unis ne se produit. Le potentiel d'expansion monétaire de la Banque centrale est beaucoup plus profond que celui des autres régulateurs mondiaux. La monnaie américaine est surévaluée et et il n'est pas nécessaire de fournir des preuves: tout est visible à l'œil nu. Au cours de la dernière décennie, l'indice du dollar a augmenté d'un quart. C'est le meilleur résultat non seulement pour la période spécifiée, mais aussi pour toute l'histoire. L'indice du dollar de Bloomberg a augmenté de 32% depuis la dégradation de la note de crédit américaine en 2011.

Washington, en essayant d'aller trop vite en besogne, y compris devant la Chine, risque finalement de prendre un retard irrattrapable dans la course. Cela devient déjà évident. Les Américains n'ont toujours pas tiré les avantages escomptés des grands tarifs douaniers introduits en juillet dernier. En fait, c'est tout le contraire: les exportations américaines vers la Chine ont chuté de 21%, tandis que les exportations de l'Empire du Milieu vers l'Amérique du Nord ont augmenté de 1%. L'équilibre du commerce extérieur entre les deux pays en a également profité. L'économie chinoise a ralenti à 6,2%, ce que personne ne nie, mais la croissance des États-Unis est encore plus lente (2,1%). Pékin fait preuve de patience dans le conflit commercial, car il se rend compte qu'il n'y a pas eu de catastrophe.

Si quelqu'un souffre, c'est l'États-Unis. La courbe de rendement est tombée à son plus bas niveau en 12 ans, ce qui indique qu'une récession approche. Non seulement D. Trump, mais également son équipe appelle la Fed à abaisser son taux. Selon le conseiller commercial du président Peter Navarro, afin de ramener les coûts d'emprunt au même niveau que les autres États, la Banque centrale américaine doit réduire le taux de 75 à 100 pb.

Soit dit en passant, Goldman Sachs a abaissé ses prévisions de croissance économique américaine ce week-end, avertissant qu'un accord commercial est peu probable avant l'élection présidentielle de 2020 et prévoyait une récession imminente.

Selon les participants aux marchés, la seule chose qui puisse changer l'oppinion de Donald Trump sur la République Populaire de Chine est une correction à grande échelle des indices boursiers. Selon le matériel de recherche d'AG Bisset Associates, la réévaluation du Dow Jones est excessive pour la deuxième fois dans l'histoire. L'indice s'écartait de sa moyenne à long terme de 130%. Les modèles de 1929, 1999 et 2018 indiquent qu'un recul important est proche. La Fed dirigée par Jerome Powell pourrait bien protéger le marché boursier. L'amélioration des relations entre les États-Unis et la Chine a peu de chances de réussir. Il semble que D. Trump lui-même en soit conscient.

Le leader américain prépare délibérément les marchés à un négatif potentiel. Par conséquent, il a déclaré que les négociations entre Washington et Pékin en septembre pourraient ne pas avoir lieu, ce qui n'exclut pas la correction des indices boursiers. Il a également déclaré que le pays n'avait pas besoin de dévaluation du dollar: de plus, il est contre cette étape. Mais en réalité, tout est différent. Les appels de la FED à baisser le taux sont des interventions verbales. La question se pose ici: Les opposants au conflit commercial pourront-ils retirer les cotations de la paire EUR/USD au-delà de la fourchette de 1.1175-1.1245?